La Neylière 2018 : Être Mariste dans un contexte de diversité religieuse /.../ Being Marist in the context of religious diversity

Du 22 mars au soir au 24 mars midi, les membres de Maristes en éducation se sont retrouvés à La Neylière pour la session annuelle proposée par le Conseil d'Animation de Maristes en Éducation (CAME) sur le thème de : «Être mariste dans un contexte de diversité religieuse».

Fraternité, collégialité, convivialité. Et des débats de qualité. Les échanges entre les participants ont révélé combien nos communautés éducatives sont riches de femmes et d’hommes désireux de mettre au cœur de leur métier la question du sens de leur travail pour un meilleur accompagnement de l’élève dans une société devenue plurireligieuse. Le point de départ de ces échanges était un beau témoignage présenté par Vincent Ricard. Vous trouverez ci-dessous le texte de son intervention.

From the evening of 22 March until lunchtime on 24 March, the members of Maristes en education gathered at La Neylière for the annual meeting organised by the CAME (the association's organising council), the theme of which was: "Being Marist in the context of religious diversity".

Fraternity, collegiality, conviviality. And discussions of high quality. The exchanges that took place showed just how blessed our school communities are with women and men who want to put at the heart of everything they do the question of the meaning of their work in order to provide better support for students in a multi-faith society. The starting point of these exchanges was a wonderful presentation given by Vincent Ricard. You will find his text below.

Donald Lillistone  

La Neylière 2018 : Être Mariste dans un contexte de diversité religieuse /.../ Being Marist in the context of religious diversity

Maristes dans la diversité religieuse.

 

 

  1. L’ouverture Mariste.
  2. Quelque chose à donner au monde – quelqu’un – le Christ : c’est-à-dire ?
  3. Pourquoi nous ? Ou comment chacun de nous, chrétien ou non, peut-il entendre l’appel Mariste ?
  4. Semer sur tous les terrains.

 

  1. L’ouverture Mariste.

« Mariste », à première vue, c’est du jargon catho. Cela semble nous situer dans une niche étroite. Dans toute la diversité des philosophies, des sagesses, des religions, des folies et des indifférences, nous nous situons apparemment dans une première (vaste) case : celle des chrétiens ; dans cette case, une moins vaste : les catholiques ; dans celle-ci une moins vaste encore : les catholiques particulièrement tournés vers Marie ; et dans cette niche un recoin : la spiritualité Mariste.

Toutefois, cette vision-là s’arrête à mi-chemin, car de là, on repart dans l’autre sens : il ne s’agit pas du tout pour nous de piocher un petit coin de jardin catholique qui serait celui de Marie. Il s’agit au contraire de présenter le Christ au monde comme l’a fait Marie, c’est-à-dire sans tenir compte d’aucune étiquette préétablie.

Marie met le Christ dans le monde, elle le met au monde, non pas dans un dessein qui serait le sien, qui obéirait à une nécessité discernée par elle, mais en accomplissant un dessein qui est celui de Dieu, dans lequel son rôle est une grâce reçue, non une initiative personnelle. Et comme mère, elle le met dans le monde tel qu’il est, non dans un monde spécial fait exprès pour cela.

Elle le présente au monde comme venant de Dieu, et, par grâce, uni à elle par les liens humains les plus profonds qui soient. Un Mariste, c’est donc d’abord quelqu’un qui, d’une manière aussi proche que possible de celle de Marie, présente le Christ au monde.

Le Christ est un mystère si profond qu’il n’est jamais inutile de le présenter même à ceux qui le connaissent déjà. Tous, nous avons besoin, chaque fois que l’occasion s’en présente, d’en découvrir une face nouvelle, de le regarder sous un autre angle, de lui parler d’une nouvelle façon, de l’écouter et de le recevoir autrement que nous ne l’avons déjà fait.

Mais enfin, nous ne pouvons pas nous le cacher, présenter quelqu’un, c’est d’abord le présenter à ceux qui ne le connaissent pas.

Donc, non seulement la diversité religieuse qui nous entoure n’est pas, pour un Mariste, de l’ordre de l’obstacle ni du défi, mais elle est très clairement la destination naturelle de notre spiritualité.

Non seulement nous ne sommes pas enfermés dans une niche, mais nous nous définissons comme ayant quelque chose à apporter au monde, et à lui offrir de façon d’autant plus simple, constante et  naturelle, que ce n’est pas une notion qui vienne de nous – nous n’avons pas inventé le Christ ; ce n’est pas une sagesse dont nous nous soyons rendus maîtres – le Christ nous  dépasse infiniment ; ce n’est pas un bien qui nous appartienne – nous n’avons rien fait pour avoir connaissance du Christ, et chacun y a le même droit que nous.

La Neylière 2018 : Être Mariste dans un contexte de diversité religieuse /.../ Being Marist in the context of religious diversity
  1. II. Quelque chose à donner au monde – quelqu’un – le Christ : c’est-à-dire ?

Qu’est-ce donc (quand on n’est pas Marie) que donner le Christ au monde ? Vaste question, de celles qui vous sautent dessus et qui ne vous lâchent pas, tant on sent qu’il y a des réponses à trouver, tout en ne sachant guère où les chercher. Un seul point me paraît clair d’emblée : présenter le Christ au monde, ce n’est pas assener à tout un chacun on ne sait quelle nécessité d’être chrétien.

 Je suis chrétien, pourtant, et j’estime que c’est une faveur, une grâce. Pourquoi ne pas faire la campagne publicitaire de cette faveur, de cette grâce, qui, de plus, par définition, est gratuite ? Il suffit de la désirer pour l’obtenir : désirez-la donc, nom d’un petit bonhomme, et plus vite que ça ! Ne soyez pas stupides !

Et c’est là, bien sûr, que le bât blesse : il n’est pas stupide de ne pas vouloir être chrétien ; cela ne détermine aucune infériorité ; et être chrétien ne me donne, à moi, aucune supériorité d’aucune sorte sur quiconque. Par ailleurs, le désir ne se commande pas : aucun ordre n’a moins de chances d’être suivi que celui de désirer ceci ou cela. Tout ce que nous pouvons faire, nous, c’est préparer le chemin par lequel le Seigneur pourra toucher les âmes.

« Préparer le chemin du Seigneur » ? Il y a, dans les évangiles, un spécialiste de cette démarche, le premier disciple d’avant la manifestation divine du Christ, d’avant les disciples qui marcheront à la suite du Christ : le disciple qui précède, Jean-Baptiste. « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi, proclamait-il. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ».

« Que devons-nous faire ? » lui demande-t-on – heureuse question que nos élèves ne nous posent pas toujours. « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas ; que celui qui a de quoi manger fasse de même ; publicains, n’exigez rien au-delà de ce qui vous est prescrit ; soldats, ne molestez personne, n’extorquez rien, et contentez-vous de votre solde ». Ces simples prescriptions m’éclairent de deux façons. D’abord, elles ne consistent aucunement à rejoindre un groupe, adhérer à un parti, s’inscrire dans un courant, s’enrôler sous une bannière. Ensuite, elles parlent d’adoption immédiate de nouveaux principes de vie. « Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion ».

Préparer le chemin du Seigneur reviendrait-il alors à se faire le champion d’une morale nouvelle, dont le Christ serait le juge suprême ? « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu, il tient en sa main la pelle à vanner pour nettoyer son aire et recueillir le blé dans son grenier ; quant aux balles, il les consumera au feu qui ne s’éteint pas ».

 Les professeurs d’une école chrétienne doivent-ils donc être les intransigeants défenseurs d’une morale devenue désormais ancienne, menaçant les contrevenants de terribles châtiments dont il faut bien, hélas, donner parfois un avant-goût hic et nunc ?  Devons-nous avant tout être les derniers bastions de la tenue, du respect et de la discipline ?

Nous ne sommes jamais totalement exempts de la tentation de le croire. Mais une morale du retranchement et du dernier bastion risque de ne pas avoir grand-chose de commun avec la conversion morale que demande Jean-Baptiste.

Que celui qui possède deux objets de première nécessité en donne un (sans attendre d’en avoir cinq ou dix) ; que celui qui a suffisamment pour vivre partage (sans attendre d’avoir trop) ; que celui qui vit aux dépens d’autrui cesse de vivre ainsi (même s’il ne sait pas de quoi il vivra désormais) : ce n’est pas de la morale, cela. Une morale, c’est l’ensemble des règles à respecter pour que le monde continue de tourner comme il tourne ; ce que dit Jean-Baptiste, ce sont quelques exemples de ce qu’il faudrait faire pour que le monde cesse de broyer ceux qu’il broie. C’est bel et bien une conversion, puisque le monde s’en trouverait changé.

Ensuite, le Seigneur qu’il décrit ne vient pas récompenser et punir : il vient récolter et nettoyer ; choisir et utiliser ce dont on peut faire quelque chose, jeter ce dont on ne peut rien faire.

S’il ne s’agit que de récompenser et de punir, c’est déjà une récompense, de ne pas être puni. C’est une situation binaire : on ne peut être que du côté de l’enclume ou du côté du marteau. Dès lors, comme le dit Jean-Baptiste Clamence, le faux Jean-Baptiste mis en scène par Camus dans La Chute, toute l’affaire consisterait à échapper au châtiment, par une ruse, une pirouette, une posture qui vous placerait du bon côté au jour du jugement.  Or l’injonction du véritable Jean-Baptiste, «Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion », s’inscrit dans la perspective de la récolte et du nettoyage, où c’est la récolte qui donne sens à l’ensemble. « Qui vous a appris à échapper à la colère qui vient ? » demande Jean-Baptiste aux pharisiens. C’est un faux but que celui de vouloir échapper au châtiment ; le véritable est de produire du fruit. Notre être pécheur sera jeté au feu, faisons donc en sorte que ce ne soit pas là tout notre être.  

Produisons donc du fruit, et incitons nos élèves à en produire. Ni en ce que nous faisons ni en ce qu’ils font, nous ne pouvons exiger qu’il n’y ait rien à brûler ; c’est bien pour cela que le feu qui nettoie ne s’éteint jamais. Nous produirons du fruit si nous donnons, ils en produiront si nous nous montrons heureux de recevoir. Donner n’empêche ni de gronder, ni de réprimander, ni de constater les échecs : il y a toujours quelque chose à jeter au feu ; mais se montrer heureux de recevoir, c’est être sans cesse à la recherche de la part, petite ou grande, qui mérite d’être préservée, afin de ne jamais – ou le moins souvent possible – la jeter au feu avec le reste. C’est aussi ne pas exiger de nos élèves qu’ils recueillent précieusement chaque brin de notre enseignement comme s’il était sacré, comme s’il n’avait pas nécessairement, lui aussi, sa part à brûler. Ce chemin-là, n’en doutons pas, est un chemin ouvert au Christ.

 

Quoi qu’il en soit, préparer le chemin, c’est bien, mais depuis la prédication de Jean-Baptiste, c’est le Christ lui-même que Marie nous a donné, qu’elle a porté en elle pour le mettre au monde, et dont elle porte en elle l’amour comme personne d’autre ne peut le faire. La différence est décisive, et il nous faut y trouver un accès, parce que c’est ce Christ-là, que nous avons à présenter, nous aussi, à nos élèves, un Christ qui se manifeste en toute clarté et parle en son nom et en celui de son Père.

 

S’il est une circonstance, dans la vie de Marie, où elle nous est montrée présentant le Christ à ceux qui l’entourent, c’est bien aux noces de Cana.

C’est au Christ, d’abord, qu’elle s’adresse : « Ils n’ont plus de vin ». On peut appeler cela une prière, et c’en est une. Mais ce n’est pas une déclaration de foi, ni une déclaration d’amour : c’est un acte de foi et un acte d’amour, qui consiste à remarquer ce qu’il faut à l’autre – avec amour – et à le dire – avec foi – faute de pouvoir soi-même combler ce besoin. Ensuite, devant la rebuffade de Jésus – qui confirme que la prière n’a rien à voir avec une formule magique auto-réalisatrice – vient le troisième temps : faire ce qui est à notre portée pour que la prière soit exaucée ; pour Marie, se tourner vers les serviteurs, leur montrer le Christ, et leur dire : « Faites tout ce qu’il vous dira » ; et pour nous ?

Pour nous, nous donner pour but que nos élèves, comme le maître du repas, ne soient jamais coincés entre les exigences de leur situation, dont nous sommes porteurs, et les résultats de leurs efforts, quand ceux-ci se révèlent insuffisants ou inefficaces. A nous d’ouvrir dans ce qui, parfois, peut vite devenir une nasse, la brèche de l’espérance et de la foi.

Comment faire cela ? Longues discussions en perspective ! D’abord, me semble-t-il, en faisant comprendre à nos élèves qu’ils ne sont pas seuls à pouvoir quelque chose à leur situation. Quoi de plus désespérant que d’avoir à se dire : « tout repose sur ce que je suis capable de faire, et je n’arrive à rien » ? A Cana, Marie a fait quelque chose. Les serviteurs de la maison lui ont fait confiance, et à leur tour ils ont fait quelque chose. Rien de ce qu’ils ont fait n’aurait pu, sans l’intervention du Christ, amener plus de vin à la table du repas. Mais s’ils n’avaient rien fait, le Christ ne serait pas intervenu.

Ensuite, par conséquent, faisons expérimenter à nos élèves que si rien ne peut se faire sans leur travail, les fruits de leur travail peuvent leur être donnés par surcroît, par surabondance, grâce à la foi qu’ils y auront mise, aux conseils et à l’aide de leurs professeurs, de l’établissement, de leurs parents, de leurs camarades. Aucun de ces éléments, à lui seul, ne décide du résultat final ; ce n’est même pas leur somme qui le détermine. Cela vient en surabondance, au moment parfois le moins attendu. Le maître du repas se serait bien contenté du même vin qu’au début, mais il en a reçu un meilleur. Nous sommes ainsi faits que nos espérances sont toujours bornées ; mais, que l’espérance persiste, et elle dépasse les espérances.

Cette foi, comme tout ce que j’ai à partager avec mes élèves, doit être aussi la mienne : pour mes élèves, d’une part, et pour moi aussi. Le résultat de mes efforts de professeur n’est pas non plus l’exacte somme de ces efforts. Dieu merci pour tout le monde ! D’ailleurs il y a toujours cet élève (et plût au Ciel qu’il n’y en ait qu’un !) qui s’obstine à ne pas comprendre ce que je m’évertue à lui expliquer ; à ne pas retenir ce que je lui assène à temps et à contretemps ; à ne pas travailler une once de plus alors qu’il ne fiche rien ; à ne pas abandonner sa méthode inefficace parce que ça l’effraye d’en changer ; et qui, en plus, a l’air de me détester cordialement et de souhaiter par-dessus tout que je lui fiche la paix. Cela veut dire tout simplement que ce que je verse dans sa cuve s’obstine à rester de l’eau, et que je ne ferai pas à moi seul que cela devienne du vin. Il n’empêche que c’est un peu de moi qu’il dépend que, lorsque l’heure sera venue, la cuve soit pleine d’eau propre et fraîche, et non pas vaguement humectée d’un fond d’eau sale et croupie. Et certainement, pour ne pas le détester, cet élève, pour ne pas le passer par la fenêtre, pour ne pas le laisser tomber, il me les faut, à moi aussi cette foi et cette espérance !

Ainsi, Jean-Baptiste nous apprend la conversion au don de soi, Marie la foi et l’espérance actives, les noces de Cana la surabondance de la grâce. Ce n’est pas là inventer la poudre, mais c’est ouvrir le passage au Christ et laisser voir son visage.

 

La Neylière 2018 : Être Mariste dans un contexte de diversité religieuse /.../ Being Marist in the context of religious diversity
  1. III. Pourquoi nous ? ou : comment chacun de nous, chrétien ou non, peut-il entendre l’appel Mariste ?  

 

Il y a, bien sûr, parmi nous, des chrétiens convaincus et pratiquants ; mais il en est aussi qui se sont éloignés de l’Eglise, ou de la foi chrétienne en général, ou qui sont d’autres confessions, juive, musulmane, ou même qui se sentent très éloignés de toute idée de religion. Comment les uns et les autres peuvent-ils se sentir, ensemble et de diverses manières, conviés à prendre part au projet Mariste d’éducation ?

Rappelons d’abord que l’exigence chrétienne, donc Mariste, en éducation, ne consiste ni à vendre du christianisme par tous les moyens y compris la vente forcée, ni à défendre bec et ongles une morale figée qui serait la « morale chrétienne », définie une fois pour toutes : rien qui consiste à se retrancher dans un pré carré, interdit à toute personne qui voudrait profiter de son herbe sans acquitter le droit d’entrée.

Au-delà de cela, nous avons vu que notre activité, envisagée d’un point de vue Mariste, se fondait sur le don de soi et l’ouverture à la personnalité de chacun, ce qu’en langage chrétien on nomme charité ; sur le fait d’attendre toujours quelque chose des autres et de soi-même, ce que les chrétiens nomment espérance ; et sur la certitude que cette ouverture et cette attente sont fécondes, même contre les apparences les plus décourageantes, ce que la langue chrétienne appelle foi. J’adopte à dessein une formulation distanciée pour montrer qu’au-delà d’un vocabulaire dont les chrétiens ont l’habitude, et qui, de ce fait, peut paraître exclusif, les attitudes de foi, d’espérance et de charité sont considérées par tous les humanismes, religieux ou non, comme des vertus. La notion de vertu ne se séparant guère de celle d’effort, ne serait-ce, pour reprendre le mot d’André Gide, que pour suivre sa pente naturelle « en montant », ces vertus doivent un jour être découvertes, puis sans relâche cultivées, en un mouvement qui pourrait bien être celui que les chrétiens nomment conversion. Enfin, l’expérience que le fruit de ces vertus peut venir de la manière la plus inattendue, surgir du fond de la situation apparemment la plus défavorable, donner des résultats qui dépassent toutes les attentes raisonnables, cette expérience qui nous aide grandement à garder foi, espérance et charité pourrait bien s’apparenter à ce que les chrétiens appellent la grâce.

 

Toutefois, si ces vertus sont véritablement des vertus humaines, que tout éducateur, quel que soit son horizon religieux ou philosophique, peut s’attacher à cultiver, il n’en reste pas moins que, Maristes au sens plein du terme, c’est en Dieu et en Christ, qu’à l’exemple de Marie nous les fondons. Cette foi qui est la nôtre, et spécifiquement chrétienne, nous appelle à quelque chose de plus. Peut-on être pleinement Mariste en éducation en s’en tenant à des attitudes et à des pratiques, certes profondes, christiques peut-être – osons l’espérer ! – mais sans référence explicite au Christ, à son enseignement, à sa mort et à sa résurrection ? Cet aspect des choses est-il le domaine réservé de la pastorale et de quelques chrétiens engagés qui porteront seuls cette référence, au risque d’apparaître comme des olibrius, les inévitables culs-bénits de service que l’on ne peut pas manquer de trouver dans un établissement catholique ? Ce serait tout de même un comble, que jusque dans une école explicitement chrétienne, il puisse paraître ridicule ou attentatoire de parler du Christ aux élèves. D’ailleurs, si je veux m’inspirer jusqu’au bout des figures de Jean-Baptiste et de Marie, je ne peux passer sous silence le fait que le premier reconnaisse explicitement Jésus comme le Christ lorsque celui-ci vient se faire baptiser, et que Marie le désigne aux serviteurs en disant : « faites tout ce qu’il vous dira ».

 

Comment donc vivre cet appel spécifiquement chrétien à présenter le Christ à nos élèves, nommément, dans ses actes et ses paroles, et non seulement par les pratiques et les attitudes qu’il nous inspire, sans pour autant en exclure ceux de nos collègues qui ne partagent pas notre foi chrétienne ? Pour cela, deux voies complémentaires m’apparaissent.

 

La première est de considérer que la Bible, et ce qui, dans la Bible, concerne le Christ, n’est pas un livre fermé, réservé aux chrétiens et interdit aux autres, ou intéressant pour les chrétiens et sans intérêt pour les autres. Ce serait arrivé bien subitement. La Bible est, depuis qu’elle a commencé à s’écrire et même avant, puisqu’elle témoigne d’une histoire qui précède son écriture, un des très grands livres qui structurent l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas parce que plus personne ne pratique l’antique religion grecque que, subitement, l’Iliade et l’Odyssée ont perdu tout intérêt, ou qu’Achille, Ulysse, Pénélope, n’ont plus rien à nous dire. Sans être Bouddhiste ni taoïste, chacun peut               s’intéresser, avec respect et admiration, à Bouddha, à Lao-Tseu ou à Confucius. Un chrétien, pour sa part, ne considère pas comme lettre morte la partie juive de la Bible, l’Ancien Testament, comme si elle appartenait à une religion révolue, frappée de nullité par la révélation chrétienne ; il ne s’interdit pas davantage, et heureusement, de s’intéresser très sincèrement, sans arrière-pensées hostiles, aux écrits d’auteurs qui mettent la foi en question ou la rejettent. Pourquoi devrait-il en être autrement du Christ et des évangiles pour ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne ? Au diable l’idée que la Bible n’est intéressante que pour les croyants, et l’Evangile que pour les chrétiens.

Ainsi, chacun peut prendre une part plus explicite à la démarche Mariste en se rendant plus familier des évangiles, sans pour autant être sommé en aucune manière de devenir ce qu’il ne veut pas être. Si l’on accueille en son esprit quelques-uns de ces épisodes bien connus que sont le fils prodigue, la guérison du paralytique et celle de l’aveugle, le bon Samaritain, les Béatitudes, la multiplication des pains, les récits de Noël, de la Passion, les disciples d’Emmaüs, que sais-je, on pourra  s’en faire l’écho en cours, quand l’occasion s’en présentera, et elle ne manquera pas de se présenter. Combien d’attitudes et de situations humaines, non spécifiquement religieuses, peuvent être illustrées, voire éclairées de ces passages ! Se faire des évangiles une culture familière et amie, voilà peut-être une belle proposition à faire à nos collègues venus des horizons les plus divers. Et puiser dans cette culture, ne fût-ce qu’autant que dans les cultures gréco-romaine, classique, moderne, contemporaine,  voilà sans doute un appel qui nous est lancé.

 

La deuxième voie qui m’apparaît, au-delà de l’éventail des pratiques pédagogiques inspirées par une certaine attitude Mariste,  regarde nos relations entre éducateurs et touche au cœur du message chrétien. Il s’agit tout simplement de toujours chercher à cultiver entre nous, par les moyens les plus simples et les plus discrets, le « Aimez-vous les uns les autres » qui est le commandement du Christ. « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres », lit-on dans saint Jean (13, 35). Ce commandement-là, seul le Christ peut le donner – aucun être humain ne peut commander à son semblable d’aimer tel ou tel autre sans attenter à sa liberté – mais c’est bien à nous qu’il le donne, et c’est à nous de le faire fructifier en l’acceptant pour nous-mêmes. Ce commandement qui, humainement imposé, tourne vite en hypocrisie ou en manipulation, vivons-le ; aimons-nous, aimons nos différences de caractère, de pratiques, d’origines, de culture, d’expériences, d’âge, de goûts et de couleurs : plus il sera en nous, cet impossible commandement, et plus le Christ habitera nos établissements.

 

 

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  1. IV Semer sur tous les terrains.

 

Il reste à aborder, j’en ai conscience, ce qui, en premier lieu, semblait justifier la question : comment présenter le Christ à tous nos élèves, qui, comme nous-mêmes, viennent de tous horizons religieux ou non religieux, et qui, plus encore que nous-mêmes, ne doivent être soumis à aucune forme de propagande, d’irrespect, ou de viol de leur liberté ?

Les trois premières parties pourraient apparaître comme dilatoires ; loin de là, elles me semblent essentielles. D’une part, avant de se demander comment transmettre, il convenait de s’interroger sur ce que nous avons à transmettre ; d’autre part, en se demandant comment chacun de nous, même non chrétien, pouvait transmettre quelque chose du Christ, il me semble que nous avons notablement avancé sur la question de savoir comment chacun de nos élèves, même non chrétien, pouvait recevoir quelque chose du Christ.

Il me semble que les deux plus importants obstacles que nous voyons en général au fait de présenter le Christ à nos élèves sont, d’une part, l’indifférence que nous supposons chez ceux qui vivent dans un environnement très éloigné de toute religion, voire une forme d’hostilité, dans l’air du temps, qui considère et présente « les religions », si vague que soit ce terme collectif, comme des obscurantismes fauteurs de guerre ; d’autre part, chez nos élèves musulmans en particulier, nous craignons que toute allusion à la foi chrétienne ou à la spiritualité chrétienne, voire simplement le mot « Christ », ne soit interprétée par eux comme une tentative de conversion, ou comme un blasphème, en tout cas comme une provocation qui mettrait notre foi en concurrence avec la leur, dans l’arrière-pensée de l’imposer.

De cette réticence qui peut, sans doute, être une sorte de prudence bien venue, sachons toutefois nous méfier. D’abord, quand on suppose d’avance chez autrui des idées que, d’après ce que nous savons de lui, il doit nécessairement avoir, on est très enclin à se tromper. N’oublions pas que nous parlons à des personnes, non à des corpus d’idées toutes faites qui coïncideraient exactement avec tel ou tel type de personnes. Des idées toutes faites, nous en rencontrons nécessairement et elles nous donnent suffisamment de fil à retordre pour que nous ne les apportions pas nous-mêmes. Après tout, nous détestons qu’on nous explique qu’« en tant que chrétiens » ou « en tant qu’enseignants dans un établissement catholique », nous pensons nécessairement ceci ou cela ; alors pourquoi appliquerions-nous ce raisonnement à nos élèves ou à leurs parents ? Ce n’est pas les respecter. Faisons et disons ce que nous croyons devoir faire et dire, et si certains s’en scandalisent, sachons nous expliquer et les rassurer sur nos intentions à leur égard.

D’autre part, c’est justement cette exigence de respect vis-à-vis de ce que croient ou ne croient pas nos élèves et leurs parents, tout autant que le fait que nous-mêmes n’ayons pas tous la même position quant à la foi chrétienne, qui rend première et essentielle, pour faire vivre le Christ devant nos élèves, l’exigence de le faire vivre dans nos actes et dans l’esprit qui les inspire. Cela tombe bien : le Christ, à longueur d’évangiles, les apôtres dans leurs épîtres ne disent pas autre chose. Il est bien plus difficile d’accuser d’irrespect une personne dont les actes quotidiens montrent un respect et un intérêt toujours renouvelé pour chacun ; bien plus difficile aussi de tourner en ridicule, de balayer d’un mot ou d’un bâillement appuyé les paroles de quelqu’un dont on expérimente chaque jour le souci de vous intéresser et de vous aider à grandir, c’est-à-dire à conquérir votre liberté. Cela n’empêchera sans doute pas nos paroles de surprendre parfois, voire de choquer au premier abord, mais cette surprise ou ce choc seront féconds : ils amèneront tôt ou tard la réflexion.

Ceux qui vivent dans un milieu éloigné de toute religion en entendent fort peu parler, et il est bien rare que ce vide soit motivé ; il est seulement de l’ordre du fait. En apprenant quelque chose sur la religion chrétienne, sur ce qu’elle est, sur son esprit et ses idéaux, sur ses grandeurs et sur ses fautes, en voyant qu’on peut en parler d’une façon précise, argumentée et lucide, ou la mentionner tout naturellement comme principe fondateur de tel ou tel de nos actes, pourquoi ne seraient-ils pas intéressés ? Pourquoi, peu à peu, ne distingueraient-ils pas là une sphère de l’âme et de l’activité humaines qui leur était jusque-là inconnue ou qui était restée sans aliment ?

Ceux qui appartiennent à des familles juives ou musulmanes, et surtout ces derniers, dont nous craignons spontanément davantage l’intolérance, voire le prosélytisme, et qui, de ce fait, sont le plus à l’origine de nos réticences, trouvent généralement tout naturel que l’on croie en Dieu. De nombreux  musulmans admettent sans difficulté que nombre de croyants ne soient pas musulmans ; ce qu’ils comprennent beaucoup plus difficilement, c’est l’incroyance. Bien sûr, ils estiment que la bonne manière de croire est la leur, et ce d’une manière différente de celle dont un chrétien estime, lui aussi, être dans la vérité. Mais dès l’instant où nous ne nous posons pas en rivaux, ni en critiques, où nous ne venons pas assener notre vérité contre la leur, alors bien des dialogues deviennent possibles. Partout où l’on parle du Dieu unique qui mit un jour Abraham en marche vers lui, il existe des points de rencontre entre les croyants, qui peuvent les mener au-delà des dogmes de leurs religions respectives, sans pour autant se renier.

D’un côté comme de l’autre, les obstacles que nous craignons peuvent avoir moins de consistance dans la réalité que dans nos craintes. Il y a de mauvaises expériences, nous en avons peut-être vécu, nous en avons entendu relater, et de fort inquiétantes, mais pourquoi serait-ce autour d’elles, qu’il nous faille cristalliser notre vision de la réalité ? Comme chrétiens, nous ne croyons pas que la réalité du monde trouve sa vérité ultime dans ce qu’elle peut avoir de pire.

 

Comment faire, dès lors, pour que le Christ soit dans nos mots comme il pourra être dans notre esprit et dans nos actes ?

D’abord, sans aucun doute, rester strictement laïcs sur un point capital : nous n’avons pas, en tant que professeurs de ceci ou de cela, de catéchisme à faire. Nos élèves ne viennent pas à nos cours pour en subir un, et ce n’est pas là le sens de notre mission.

Mais pour le reste, la laïcité n’est pour nous ni une idéologie ni une religion de substitution. Nous considérons la foi comme une dimension essentielle de l’homme : nous ne partageons donc pas avec la laïcité officielle l’exigence de la passer sous silence ou de ne l’évoquer qu’en marge. Chez nous, sans pour autant faire de catéchisme hors de saison, on peut parler de religion.

 

Nous pouvons donc, bien sûr, parler de celle qui nous inspire. Dans la mesure où nous avons à cœur d’être Maristes en éducation, il nous faut aussi, par débordement, dire le Christ. On peut par exemple le faire, comme à Lyon, par une heure consacrée, dans l’emploi du temps des élèves de collège et de lycée, à l’enseignement de la culture religieuse. Cet enseignement donne à nos élèves des connaissances sur la religion chrétienne d’abord, puis sur les autres religions, et leur montre de ce fait que la religion est, elle aussi, objet de connaissance, qu’elle donne à savoir, à comprendre et à discuter, qu’elle ne se réduit en aucun cas à des slogans, à des idées toutes faites, ou à une bataille d’identités. Il leur apprend aussi, peu à peu, ce qu’est une religion : une foi, un esprit de vie qui habite la vie du croyant quelle que soit la manière dont il le met en œuvre, et non un amas de superstitions, de « croyances », qu’un homme raisonnable ne saurait partager, mais qu’il doit « tolérer » tant qu’elles restent inoffensives.

Et de ce dernier point, il peut, je crois, transparaître quelque chose dans les cours des différentes matières. Quand nos programmes d’étude rencontrent le christianisme, la Bible, l’évangile, les Hébreux, Yahvé, Jésus, le Coran, Mohammed, ou toute autre manifestation religieuse, y compris les polythéismes antiques, parlons-en avec sérieux ; prenons le temps d’en dire quelque chose ; méfions-nous du ton ironique qui nous vient parfois trop facilement ; ne reculons pas devant les références, les exemples qui nous viennent, actes ou paroles du Christ. Loin de nous considérer comme des porte-étendard qui avons à parler du Christ à tout prix, laissons venir le Christ en nous et laissons-le s’exprimer dans les situations où il vient tout naturellement à nos lèvres et où, par crainte ou fausse pudeur, nous avons tendance à le refouler. Evitons de jamais parler de « croyances » : réservons cela aux pattes de lapin, au chat noir et au loup-garou ; remplaçons la « tolérance » par le dialogue et la connaissance mutuelle.

La possibilité dans nos établissements de parler de religion signifie aussi, bien sûr, que nos élèves ont le droit de parler de la leur, et peuvent même y être invités, à condition de le faire, eux aussi, sous une forme qui permette le dialogue, la connaissance, la compréhension, et qui ne soit pas la simple affirmation d’une identité qui reste à l’état d’étiquette. Il s’agit, en faisant cela, non pas seulement de libérer mais d’éduquer la parole sur ce sujet que nous considérons comme capital.

 Nous sommes, nous aussi, même à notre corps défendant, marqués, quand il s’agit d’amener à parler de religion, par cette fameuse « tolérance » voltairienne, telle qu’il la met en scène, par exemple, dans cette scène où  Zadig met heureusement fin à une controverse religieuse qui menaçait de devenir sanglante. Il semble, à première vue, qu’il amène les débatteurs à réfléchir au sens profond de leur religion, ce qui est, sans doute, notre mission, à nous aussi. Toutefois, c’est une apparence trompeuse. Il les amène en fait à un dénominateur commun qui est sa propre conception : celle du « Dieu horloger » qui a créé le monde mais ne s’occupe pas des affaires des hommes. Il ne se soucie que de ce que chacun dit de la divinité, sans jamais s’intéresser à ce que chacune de ces religions peut dire de l’homme dans son rapport avec Dieu. En ne s’intéressant aucunement à la foi, mais seulement aux articles de foi, il les réduit à des « croyances » en les vidant de toute substance humaine, donc de tout sens. Le dénominateur commun qu’il trouve n’est pas une convergence vers un même idéal, mais un plancher sec et dur qui réduit à néant l’idée même de religion : si Dieu ne s’occupe pas des affaires des hommes, qu’importe de croire ou de ne pas croire en lui ? La « croyance » devient un fatras suspect dont le meilleur usage qu’on puisse faire est de s’en débarrasser.

 Or nous croyons, nous, que la foi en Dieu élève l’homme, et c’est la raison pour laquelle nous respectons la foi des autres. Nous croyons que les chemins qui mènent à Dieu sont multiples, et que toute foi profondément vécue, même en un idéal humaniste et non nécessairement religieux, rapproche du Christ, dont nous croyons qu’il est, pour tout homme, la vérité et la vie ; mais non pas une vérité qui s’assène : une vérité qui se révèle, au fil d’un long chemin qu’il appartient à Dieu seul de raccourcir. Il y a là de quoi apprendre à nos élèves à parler de religion sur un autre mode que celui de l’affrontement : celui de l’approfondissement, de la volonté de s’approcher du mystère. Cela suppose que nous développions aussi en eux la conscience du mystère : les amener à saisir que l’homme ne sait pas tout de lui-même, ni de l’univers, ni du sens de sa vie, ni de ce que c’est que bien vivre ou de bien organiser la vie ; leur faire sentir que la démarche de foi, qui mène les hommes à croire en quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes, relève d’une volonté de s’approcher de sa propre vérité.

 C’est là qu’il me faut revenir à la pastorale. Ce n’était pas mon sujet. Mais ce n’est pas non plus, et ne peut pas être, une sorte de corps étranger dans l’établissement. Il nous faut être au courant de ce qui s’y fait, de ce qui s’y vit, et l’inclure dans notre manière de vivre l’établissement, y compris devant les élèves. Elle n’est pas, elle non plus, une officine de propagande chrétienne. Elle propose à tous, élèves et professeurs, des lieux et des temps pour vivre sa foi. Aucun de nous, par conséquent, ne peut travailler en l’ignorant, moins encore en s’en défiant. Nous lui devons au minimum la bienveillance due au foyer où s’entretient, jour après jour, l’esprit dont tout l’établissement s’efforce de vivre ; et par surcroît, le cas échéant, la reconnaissance de nous offrir, régulièrement, l’occasion  de nous comporter explicitement comme chrétiens devant nos élèves. L’élève qui me voit à la messe de la fête de l’école, ou qui tout simplement m’en voit sortir, si lui-même n’y est pas allé, sait du même coup qui je suis, sans que j’aie même besoin d’en parler.

 

La foi au Christ ne se réduit à rien de strictement humain, ni à une identité, ni à une morale, ni à une sagesse, ni à un corpus de textes. Et pourtant, c’est en elle que se donne la vérité ultime sur l’homme et sur le sens de la vie. C’est pourquoi il est essentiel qu’avant tout elle se vive, et que, plus que tout, ce soit notre manière de vivre le Christ qui témoigne de lui devant nos élèves. Cela étant, nous pourrons alors présenter ce Christ que nous portons, à tout le moins la foi qui est la nôtre, même si nous ne la vivons pas comme expressément chrétienne. Etre Mariste en éducation, c’est sans doute montrer à nos élèves, jour après jour et sans aucune ostentation, que l’homme est un être de chair, de cœur, de raison, de société, et que tout cela, il le devient pleinement en étant un être de foi.

 

Qui, mieux que Marie, montre cela ?

 

Vincent Ricard

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